Nous avons eu un scoop. Le nouveau système informatique que le Bureau de
la traduction met en place sera à la disposition de tous les fonctionnaires du
gouvernement fédéral à partir de l'année prochaine (je crois que ça va débuter à
l'automne). Donc, les fonctionnaires pourront faire eux-mêmes leurs traductions
et, ce que je comprends, ils feront appel aux services du Bureau de la
traduction pour les textes plus difficiles ou à diffusion plus large. Fini les
textes répétitifs qui nous permettent de rentabiliser notre travail... c'est du
moins l'impression que ça me donne.
Autre phénomène à surveiller... Nous assistons à la démocratisation de la
traduction avec les outils comme Google Translation, d'une part, et à
la multiplication des connaissances (elles doublent tous les sept ans, et c'est
un chiffre très prudent), d'autre part. Or les pays veulent avoir accès à toutes ces
connaissances, d'où l'augmentation de la traduction. Pour cela, il faut (c'est
ce que M. Barabé a dit) baisser les tarifs de traduction. Toutefois, le nombre
de traducteurs professionnels dans le monde entier (500 000 environ) ne
progresse pas, ce qui va obliger à faire de plus en plus appel aux outils d'aide
à la traduction.
Donc des tarifs à la baisse, des connaissances qui se multiplient, le
nombre de traducteurs qui plafonne, que va-t-il arriver? Les traducteurs
seront de plus en plus appelés à faire les textes difficiles ou à traduire ”en
direct” (donc avec la dictée ou la reconnaissance vocale, nous avons une longueur
d'avance).
Voilà où s'en va notre secteur d'activités. Il va falloir
s'adapter, et je trouve ça essoufflant. Pour ce qui est de la table ronde, j'ai fait valoir que les traducteurs sont avant tout des êtres humains, pas des machines. Nous devons reprendre notre place et remettre l'informatique à sa place.
Bonjour Sylvie,
RépondreSupprimerOuf, en effet il y a matière à réflexion.
Je me surprends à dire à mes jeunes traducteurs que la traduction est un métier ingrat... Je connais peu de professions où l'on gagne de moins en moins avec le temps. Quels que soient les mouvances et les contextes, il me semble que cela n'a pas de bon sens.
Je ne vois qu'une voie de sortie face aux tarifs à la baisse : la rémunération à l'heure plutôt qu'au mot. Le mot ne veut plus dire grand-chose avec les outils informatisés, alors allons-y donc avec notre valeur, qui augmente avec l'expérience. Comme les avocats, les comptables, les actuaires, et j'en passe.
Je crois que ton message aurait sa place sur une plate-forme plus vaste, par exemple dans le groupe de l'OTTIAQ sur LinkedIn. Je suis bien curieuse de voir le type de réactions que cela pourrait susciter.
Voilà, je poursuis ma réflexion sur ce sujet.
Merci de nous avoir fait part de tes commentaires.
Chantal